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4 octobre 2017

Fact checking versus fake news la réponse du berger à la bergère ?

Les « fake news » sont plus que jamais sur le devant de la scène. Les actualités et leur traitement nous le prouvent tous les jours. Comment réagir lorsque l’on passe de l’émotion à la stupéfaction en apprenant que la vidéo du cyclone Irma dont on s’émeut ou les photos des violences en catalogne qui nous scandalisent ne sont pas la réalité ?

Si la vérité est souvent rapidement rétablie, la confusion reste néanmoins et le doute, pernicieux mais légitime s’installe.

Que penser également des déclinistes qui prophétisent la mort des réseaux sociaux, voire du web à cause de ces même fake news ?

S’il semble douteux que les seules fake news menacent à elles seules l’existence d’internet, il paraît toutefois important de se poser la question de leur véritable pouvoir de nuisance et des remèdes à apporter.

 

Que sont les fake news et pourquoi il faut s’en préoccuper

Fausses informations diffusées sur internet, les fake news sont la plupart du temps tellement invraisemblables (tel le soutien du Pape François à Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2016) qu’on pourrait croire que la question de leur crédibilité se pose peu. Il n’en est rien, tout au contraire. Cette question se pose à minima pour un public d’adolescents ou de personnes s’informant peu ou se croyant informé par des canaux moins officiels ou fiables que la presse traditionnelle.

 

La question se pose également quand on comprend que les fake news ne sont pas que de folles rumeurs circulant sur le net et rapidement invalidées par les internautes eux- mêmes.

En effet, plus qu’une dérive de l’infotainment, les fake news sont devenus une pratique industrielle, véritable machine à cash. On apprend notamment dans un article du Point du 1er décembre 2016 que le village de Vélés en Macédoine héberge des armées d’adolescents spécialisés dans la fabrication de ces fausses informations qui bien formatées deviennent alors de véritables usines à clic.

En dehors du coté relativement choquant de l’affaire, on peut légitimement se demander pourquoi ce serait à ce point problématique ?

Tout simplement à cause du nombre d’informations produites chaque jour et du taux de viralité extrême de ces fausses informations.

En effet chaque seconde, pas moins de 29 000 Gigats octets d’information sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctet par jour, soit un volume de big data qui croît à une vitesse vertigineuse (source worldometer et planestoscope).

Si face à cette déferlante on arrive encore à trier le bon grain de l’ivraie et à s’informer correctement entre les media traditionnels et citoyens, que faire face à une production systématisée et industrielle de fausses informations ?

Politiques, technologiques ou encore académiques, les réponses commencent à s’esquisser. Victime elle aussi de fake news (elle a été mise en cause pendant la campagne de 2016 par des rumeurs selon lesquelles elle gérait un gang retenant des enfants en esclavage depuis la pizzeria Comet Ping Pong à Washington), Hillary Clinton a appelé le Congrès a adopter une loi qui au minimum interdise à des pays étrangers de financer des sites de fake news dont le but est d’influer sur la vie politique américaine.

Facebook et Google se sont également saisis du problème et mettent au point des systèmes d’alertes et appellent les internautes à la vigilance.

Ce même Facebook vient s’associer à la fondation Ford, à Mozilla et à des fonds philanthropiques pour lancer la « News integrity initiative », un programme de 14 millions de dollars destiné à financer des recherches autour des Fake News et de leur circulation sur le net.

Louables, ces multiples initiatives n’esquissent au mieux que des pistes de réflexion qui ne constituent pas de réponses concrètes.

Or n’existerait-il pas une autre solution plus simple et plus pragmatique ?

 

Le fact checking, ou la réponse du berger à la bergère ?

Partie intégrante du métier de journaliste, le fact cheking est une discipline visant à vérifier et valider l’exactitude de faits ou de chiffres.

Utilisé depuis longtemps aux Etats Unis, le fact cheking a longtemps été circonscrit aux sphères politiques, les journalistes s’escrimant à vérifier tel ou tel élément mis en lumière par tel ou tel politique.

En France, le phénomène a longtemps été limité à quelques media spécialisés dans l’exercice tel « Arrêt sur image » ou encore « Acrimed ». Mais depuis quelques temps on note que le phénomène semble se développer avec des rubriques comme le « vrais du fake » sur France Info, ou le « check news » dans Libération

Et si elle était « la solution », dans un savoir-faire éprouvé, détenu par des professionnels formés pour cela ?

Immédiatement j’y vois deux vertus. La première évidente, constitue une réponse crédible et professionnelle supérieure à des appels à la vigilance ou des guides de bonne pratique (certes louable) que peuvent proposer des Facebook ou autre Google.

En effet, faire peser la charge de la preuve sur l’utilisateur-consommateur peut être considéré comme une inversion troublante

La seconde vertu porte elle de nombreux enjeux lourds de sens.

Tout comme l’émergence de Media Citoyens, loin de tuer le journalisme professionnel pousse lentement mais surement à délaisser la seule information pour se concentrer sur son cœur de métier : l’investigation, le fact checking réapproprié par des professionnels, tels les journalistes est un bon moyen de montrer qu’ils ne doivent pas disparaître remplacés par d’odieux algorithmes mais qu’au contraire ils doivent réinvestir tous les segments de leur profession afin de contribuer à créer avec les media citoyens une sphère médiatique crédible et efficace sur internet.

eBay et son fondateur ne s’y sont pas trompés. Pierre Omidya a notamment fait un don de 100 millions de dollars pour soutenir le journalisme d’investigation et lutter contre les discours de haine sur internet (voir article de Chloé Moitier, Le Figaro Economie du 7 avril 2017 « la lutte contre les Fake news s’intensifie »).

 

Quelle forme une telle réponse pourrait prendre je serai bien en peine de le dire ne souhaitant pas non plus me substituer aux journalistes. Ce serait plus à mon sens à eux de s’emparer du problème et de proposer les solutions appropriées.

 

Enfin je ne peux que me féliciter de cette conclusion, récurrente lorsque on s’intéresse à tout ce qui touche la transition digitale, que quand digitalisation il y a, elle bouleverse les modèles mais finit toujours par replacer l’humain au cœur de la révolution qu’elle a impulsée.

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